La production de chaleur renouvelable à partir du bois est un maillon clé de la transition énergétique. Cette filière du « bois énergie » est la première source d’énergies renouvelables en France, représentant 33 % de la consommation d’énergie primaire issue de sources renouvelables. Des poêles, inserts et chaudières chez les particuliers aux chaufferies collectives et industrielles, son rôle est crucial. Dans son avis rendu en novembre 2023, l’ADEME répond aux controverses et explique le rôle stratégique du bois dans la transition énergétique.
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Qu’est-ce que le « bois énergie » ?
La chaleur renouvelable produite à partir de bois (ou « bois énergie ») prend différentes formes selon la taille des installations. Il s’agit chez le particulier « de cheminées, inserts, poêles et chaudières à bûches ou granulés » et dans les logements collectifs et sites industriels « de chaufferies, parfois alimentant des réseaux de chaleur, qui s’approvisionnent en bois issus de la forêt (plaquettes forestières), en résidus de bois des scieries (granulés), en déchets de bois, en bois d’élagage de haies ou de bocage, de parcs et jardins » indique l’avis de l’ADEME.
Première énergie renouvelable en France, elle utilise des ressources locales, contribue à l’indépendance énergétique de la France et améliore sa balance commerciale en réduisant les importations d’énergies fossiles comme le gaz. C’est aussi une énergie créatrice d’emplois non facilement délocalisables et qui permet de maîtriser sa facture énergétique.
En France, la moitié de l’énergie consommée est utilisée pour produire de la chaleur. Celle-ci est aujourd’hui majoritairement produite par des énergies carbonées et importées comme le gaz. Le bois énergie est un maillon essentiel de la transition énergétique aux côtés d’autres sources d’énergie renouvelable comme la géothermie ou le solaire thermique
Priorité à la qualité de l’air
Sept millions de foyers, soit un quart des ménages, se chauffent au bois via un appareil domestique individuel (poêle, chaudière, insert…). Mais la combustion du bois émet des polluants atmosphériques et notamment des particules. Le chauffage domestique au bois est responsable de près de 98 % des émissions de PM2,5 du bois énergie. Il est donc indispensable que l’ensemble des acteurs poursuivent leurs efforts pour diminuer leurs émissions. Plusieurs solutions existent :
- renforcer l’isolation des bâtiments ;
- accélérer le remplacement des appareils individuels anciens et des foyers ouverts par des appareils performants ;
- poursuivre la diffusion des bonnes pratiques (qualité du combustible, gestion des entrées d’air, allumage par le haut, maintenance et bon dimensionnement des appareils…).
« Dans le cadre du Fonds chaleur, dispositif d’aide qui permet notamment d’accompagner les chaufferies collectives et industrielles, nous encourageons les solutions qui favorisent l’amélioration des performances environnementales des installations comme le recours à des systèmes performants de filtrations des fumées » poursuit Emilie Machefaux.
Tout est question d’équilibre
Développer les filières bois construction pour des usages de longue durée de vie (charpente, ameublement) est une priorité pour atténuer le changement climatique. Cette stratégie vise à optimiser le stockage de carbone dans les produits bois et les effets de substitution associés. Le développement de cette filière va entraîner la production de co-produits qui pourront ensuite être valorisés en bois d’industrie ou en bois-énergie. « Toutefois, il est important de préciser que les impacts du changement climatique sur les forêts induisent de plus en plus d’incertitudes sur les niveaux de disponibilité des ressources forestières et sur la qualité de cette ressource. Il sera necessaire de renforcer le suivi pour veiller à ce que l’augmentation des usages du bois soit cohérente avec l’état de la ressource… » précise Emilie Machefaux.
Alors comment concilier « bois-énergie » et protection des forêts ?
Afin de préserver la fertilité des sols et préserver la biodiversité, les pratiques de récolte du bois pour la production de plaquettes forestières doivent respecter des bonnes pratiques : ne pas exporter les feuillages, conserver une partie des menus bois sur la parcelle, raisonner la récolte des souches. L’ADEME a élaboré un Guide des bonnes pratiques pour la récolte durable de bois pour la production de plaquette forestière avec les représentants de la filière bois et des associations environnementales. Les stratégies de valorisation du bois doivent s’articuler avec la nécessité de renouveler les forêts sinistrées ou dépérissantes en raison du changement climatique.
La bonne ressource au bon endroit pour les bons besoins
La biomasse est une source d’énergie renouvelable abondante mais limitée, aussi, il est important de l’utiliser de façon optimisée et réfléchie. « Dès 2024, nous souhaitons inciter les porteurs de projet à s’interroger davantage sur leur besoin, en privilégiant la sobriété, l’efficacité énergétique et la mutualisation des moyens de production (via les réseaux de chaleur, la mobilisation d’autres énergies renouvelables ou de récupération (chaleur fatale, géothermie, solaire thermique) lorsque c’est pertinent » conclut Émilie Machefaux.
derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne.
se chauffe au bois domestique.
en France
prélevé en forêt est utilisé pour l’énergie, 37 % pour la construction et 18 % pour l’industrie.